PROJET JOURNAL
Le journal est au cœur de ma pratique artistique. Une sorte d’organe vital qui est très près du centre de moi-même. Il me garde en lien avec la création au quotidien. Il est à la jonction entre l’intérieur (le caché), et l’extérieur (la réalité, le créé). Il est mon véhicule pour faire des aller-retours entre les mondes. Il me permet de m’exprimer librement et d’expérimenter sans aucune pression en mélangeant l’écriture, le dessin, la peinture et le collage, et ce même dans des temps très courts. Il comporte des œuvres spontanées reflétant mon énergie du moment. Ce sont comme des témoins d’instants présents vécus. C’est ce même esprit de pure création sans pression, que je tente de transposer dans mes œuvres en techniques mixtes.
C’est en suivant cette logique que j’ai voulu amener le journal sur ce grand mur 48 pieds (15 m). Durant une année de recherche et création, j’ai exploré les différents moyens qui étaient à ma portée, considérant ma taille et mes capacité physiques, pour réaliser de grandes œuvres en techniques mixtes. J’ai donc créé six œuvres de grands formats (48 pouces de largeur et plus) dont certaines sous forme de polyptiques, ainsi que plusieurs oeuvres « enjournalées »(oeuvres spontanées sur page de journal). C’est ce qui constitue l’exposition « LA GRANDE ENJOURNALÉE »
Quand je crée je me mets intentionnellement dans cette zone indéfinie entre deux mondes, amenant dans le réel des objets issus d’un monde intérieur mystérieux. En conséquence de mes horaires de création morcelés, mes œuvres se construisent par accumulation de couches et fragments assemblés. Elles incluent la plupart du temps du papier cousu, papier que je choisi spécialement en cohérence avec le projet. Pour la présente exposition, il s’agit de papier du journal local, « Le Havre » que j’ai détourné du bac bleu pour lui faire prendre part à mes enjournalées durant cette année. Je l’ai choisi pour sa grande taille qui me permettrait de créer des fragments proportionnels à la taille de mes œuvres. Aussi parce que son nom, Le Havre, réfère à un abri, un refuge sûr, tout comme l’est mon journal. Et enfin parce que c’est un journal, qu’il témoigne de l’ici maintenant, du temps qui passe, tout comme le mien.
J’ai essayé d’aborder chacune des œuvres présentées comme une page de journal, en privilégiant la création libre et spontanées. Ma vie étant composée de plusieurs compartiments disparates et mes temps de création souvent très courts, je me suis efforcée de m’accorder au cours de ces moments, les conditions expérimentales d’accueil sans jugement, pour pouvoir créer sans pression car c’est ce qui me permet d’être à l’écoute de ce qui veux émerger et d’être au plus près de moi-même.